De La Forge
Organe central du Parti Communiste des Ouvriers de France
Novembre 1998

Burkina-Faso

Le PCRV a 20 ans

Pour la classe ouvrière et le peuple de Haute-Volta, octobre 1998 marquait un double anniversaire: vingt ans d'existence du Parti Communiste Révolutionnaire Voltaïque (PCRV), dix années de vie de la centrale syndicale révolutionnaire CGT-B (Confédération Générale du Travail du Burkina).

Les communistes voltaïques peuvent aujourd'hui apprécier avec fierté le travail accompli. Malgré la répression et le contexte difficile, tant sur le plan national qu'international, dans lequel il s'est édifié, le PCRV clandestin est, à ce jour, le Parti politique le plus actif du Burkina-Faso. Ses militants sont sur tous les fronts: dans l'organisation des résistances syndicales, dans la construction de l'unité ouvrière et populaire, dans les combats pour les droits de l'homme et des peuples, dans les écoles, collèges, lycées, universités... A la campagne, le PCRV appuie les luttes de classe quel se développent contre les grands propriétaires fonciers (le Président Campoaré est lui-même un grand propriétaire cotonnier), contre les grandes entreprises capitalistes qui achètent le coton, fournissent les engrais et les pesticides, contre le gouvernement qui dilapide les richesses nationales et néglige les aménagements hydrauliques. Dans toutes les circonstances, et de plus en plus systématiquement, le PCRV intervient en son nom pour faire connaître son programme, ses mots d'ordre. Dans toutes les circonstances de la vie sociale et politique, il prend position, propage un point de vue de classe, présente une alternative.

Cette situation est suivie de près par l'impérialisme français. Assuré d'être élu Président de la République le 15 novembre 1998, à l'issue

d'élections tronquées, Blaise Campoaré bénéficie de son soutien actif: "Il a les faveurs de l'impérialisme français pour lequel cette réélection est une nécessité impérieuse car, pour l'impérialisme français, le capitaine Blaise Campaoré est un pion sûr dans notre pays, dans la sous-région et même le continent. L'impérialisme français, en perte de vitesse en Afrique, y compris dans son pré carré, dénoncé comme le soutien des pires dictatures sur le continent (Mobutu au Zaïre, Eyadema du Togo, etc.) doit-fair face à la pénétration d'autres puissances impérialistes, USA notamment, qui mettent en cause ses chasses gardées en Afrique. De plus en plus de pays dominés par l'impérialisme français dans la sous-région connaissent des crises graves, latentes ou ouvertes (Sénégal, Mali, Togo, Niger,...) et le pays du Capitaine Blaise Campoaré semble stable et peut servir de base à l'impérialisme français pour réorganiser sa présence en Afrique de l'Ouest et sur l'ensemble du continent. Voilà pourquoi il a soutenu activement l'élection du Capitaine Blaise Campoaré à la tête de l'OUA pour accroître son champ d'action."

Cette apparente stabilité se révèle en fait une carte très incertaine: "Une crise politique grave frappe l'ensemble des institutions du pays, des partis politiques de l'opposition comme du pouvoir: décomposition politique et organique de l'opposition, rivalités sourdes au sein du parti au pouvoir où n'existe que la seule volonté du chef, etc. Les politiques économiques et sociales criminelles mises en place par le pouvoir sous les injonctions des impérialistes, du FMI et de la Banque Mondiale ainsi que la manière répressive dont sont traités les conflits sociaux par le pouvoir, ont provoqué un profond divorce entre les gouvernants et les gouvernés, entre notre peuple et ceux qui le gouvernent." L'opposition réformiste est d'une extrême faiblesse: "Ce qui guette l'opposition légale, c'est la disparition pure et simple à l'issue des élections."

La situation est tendue et complexe. Les conditions existent pour une maturation révolutionnaire de la crise mais l'impérialisme et la réaction, l'expérience l'a montré, ne reculent devant rien: le coup d'État sankariste du début des années 80 pour écraser le jeune PCRV et casser dans l'oeuf le développement du mouvement démocratique et anti-impérialiste, le recours au nationalisme réactionnaire (guerre malo-voltaique), les tentatives multiples pour exacerber le régionalisme et le tribalisme, la politique de corruption à grande échelle de toutes les forces vives du pays en sont la preuve. Un des acquis indéniable de la lutte révolutionnaire du prolétariat voltaïque dirigée par le PCRV, c'est d'avoir su combattre ces maux et épargner au Burkina Faso "les affres et les malheurs qui frappent bon nombre de pays africains."

Cela a été possible parce qu'existe une véritable alternative révolutionnaire: "A travers ces vingt années de lutte du Parti, l'action du PCRV a bouleversé de façon profonde la physionomie de la lutte des classes dans notre pays et fait faire un bond qualitatif majeur à la lutte du prolétariat et du peuple de Haute-Volta.

"L'action de notre Parti a accéléré le regroupement des forces de classe, contribuant à la formation d'un vaste pôle de la démocratie révolutionnaire grâce au travail d'organisation dans le feu de la lutte qu'il a déployé. Ainsi, de vastes secteurs du peuple se sont organisés auteur du pôle que constitue le Parti, contre la bourgeoisie et l'impérialisme, renforçant ainsi l'unité révolutionnaire du peuple autour du Parti. Dans tous les secteurs de la société, la ligne de lutte de classe révolutionnaire a refoulé le réformisme, la collaboration de classe (syndicat, "société civile," jeunes, etc.). Grâce au travail du Parti, le degré d'organisation de peuple a été porté à un niveau supérieur. Notre société est divisée en deux grands camps aux intérêts diamétralement opposés: le camp de la bourgeoise et de l'impérialisme et le camp du peuple dirigé par le PCRV.

Les luttes politiques, idéologiques, organisationnelles menées pendant ces vingt années ont permis au prolétariat et au peuple de rentrer sur la scène politique comme force politique indépendante. La juste direction tactique et politique du Parti a permis à la classe ouvrière et au peuple de prendre les grands tournants historiques de façon victorieuse. Le Parti a su, à chaque fois, proposer à la classe ouvrière et au peuple des alternatives révolutionnaires concrètes qui, mises en oeuvre avec esprit de suite, ont renforcé le camp du peuple..."

Les communistes du PCRV se sont portés aux avant-postes de toutes les batailles pour les intérêts immédiats et fondamentaux de la classe ouvrière et du peuple. Le programme du PCRV, révolutionnaire, démocratique et anti-impérialiste, répondant aux besoins de développement de la société voltaïque, est aujourd'hui defendu par un très grand nombre de travailleurs qui luttent effectivement pour sa réalisation. Les conditions existent pour un renforcement important des rangs du Parti, lui assurant des moyens supplémentaires pour jouer son rôle dirigeant dans l'étape actuelle de la lutte: la "Révolution nationale Démocratique et Populaire," dans la perspective du socialisme.

Communiste militant en France pour y édifier un authentique Parti communiste dans la perspective d'une alternative révolutionnaire au système capitaliste-impérialiste, nous saluons à double titre ce travail et ces acquis: comme un coup porté à notre ennemi commun, l'impérialisme français, mais aussi comme une confirmation de l'efficience et de la vitalité du marxisme-léninisme appliqué aux conditions actuelles de la lutte pour le socialisme et le communisme.

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