Déclaration du Parti Communiste Révolutionnaire Voltaïque et du Parti Communiste des Ouvriers de France sur les menées de l’impérialisme français en Haute-Volta dite Burkina Faso

Depuis vingt mois, la Haute-Volta dite Burkina Faso est secouée par une crise révolutionnaire profonde, crise qui s’est développée suite à l’assassinat du journaliste patriote Norbert Zongo et ses trois compagnons d’infortune le 13 décembre 1998 à Sapouy. Cette crise a pour base la crise profonde du système capitaliste impérialiste mondial et en particulier du système de domination capitaliste néo-coloniale mis en place par l’impérialisme français et ses alliés locaux avec les indépendances formelles de 1960. Elle traduit la faillite totale de ce système qui est synonyme de misère, de famines, d’analphabétisme, d’épidémies et d’endémies pour le peuple voltaïque, en un mot, un obstacle à l’indépendance et au progrès économique et social de la Haute-Volta dite Burkina Faso.

La crise révolutionnaire actuelle se caractérise par le développement d’un puissant mouvement populaire dans les villes et dans les campagnes qui implique toutes les couches populaires (ouvriers, étudiants, élèves, travailleurs, femmes, jeunes, commerçants, artisans et paysans) contre l’impunité, pour les libertés politiques, l’indépendance et le progrès véritable. Ce mouvement a jeté la panique dans les rangs des impérialistes, notamment l’impérialisme français qui est l’impérialisme dominant en Haute-Volta.

L’impérialisme français, véritable ennemi des peuples et en particulier des peuples voltaïque et français, tente d’étouffer le mouvement populaire actuel par tous les moyens y compris par une ingérence grossière dans les affaires politiques internes du pays. Depuis le début de la crise, l’État impérialiste français apporte un soutien massif en armement, logistique, formation des forces de répression et un soutien politique constant au régime de Blaise Compaoré pour lui permettre d’écraser le peuple en révolte. Ce soutien politique se traduit à travers les prises de positions de l’ambassadeur français Portiche, les décorations de personnalités du pouvoir ayant été à la pointe de la lutte contre le mouvement et l’implication de l’ambassadeur Portiche dans les questions comme l’organisation des élections municipales. En effet, l’ambassadeur Portiche, dans son discours prononcé à l’occasion du 14 juillet, déclare : " La France entend précisément encourager et accompagner le Burkina Faso sur la voie de la démocratie. Œuvre de longue haleine, il convient donc de s’armer de patience et de se départir de l’idéologie de la table rase. La démocratie ne se décrète pas. L’affirmation des valeurs démocratiques doit aller de pair avec le développement économique. Comment un peuple luttant pour sa survie pourra-t-il accéder à la démocratie ? Comment un peuple analphabète pourra-t-il comprendre la démocratie ? (...). Pour être longue et périlleuse, la quête de la démocratie au Burkina a déjà enregistré de substantiels acquis. Des réformes politiques significatives et attendues depuis une dizaine d’années : un statut de l’opposition, le financement des partis, un nouveau mode de scrutin, une CENI parmi les meilleures en Afrique, le quinquennat présidentiel. La pertinence de ces réformes sera évidemment jugée à l’aune de leur application, à commencer du reste par les élections municipales auxquelles participeront la grande majorité des partis. Les dirigeants de toutes ces formations doivent être félicités pour leur sens politique et leur conscience démocratique car, dans une période difficile, ils ont su mettre l’intérêt national au-dessus d’un certain nombre de contingences qui encombrent généralement la vie politique."

En clair, pour l’impérialisme français, le peuple de Haute-Volta, comme les autres peuples d’Afrique, n’est pas mûr pour la démocratie comme l’avait déclaré Jacques Chirac lors d’un de ses voyages en Côte-d’Ivoire. Ceux qui luttent pour cette démocratie seraient des apatrides qui n’aiment pas leur pays, et enfin les nombreux crimes de sang et économiques qui caractérisent le régime de Blaise Compaoré et, en particulier, le quadruple assassinat de Sapouy relèvent de "contingences" qui jalonnent la vie politique. Pour parfaire cette prise de position à caractère raciste, l’Ambassadeur français a décoré Simon Compaoré et Djibril Bassolet qui sont les fers de lance de Blaise Compaoré dans la répression du mouvement. Simon Compaoré, maire de Ouagadougou, est l’instigateur des zones rouges et celui qui entretient des milices qui agressent le peuple. Djibril Bassolet, ministre délégué à la Sécurité, est celui qui fait gazer les manifestants et qui a ordonné le rasage des dirigeants du Collectif en avril 2000 dans le but de les humilier.

L’attitude de l’impérialisme français face à la crise en Haute-Volta dite Burkina Faso entre en droite ligne dans la politique française dans ses colonies et néo-colonies et en particulier dans son pré carré de l’Afrique francophone. L’impérialisme français n’y a jamais toléré un mouvement démocratique quelconque. C’est ainsi que les mouvements démocratiques des années 1940 et 50 pour l’indépendance ont été écrasés dans le sang au Cameroun, à Madagascar ; en Afrique occidentale française, de nombreux patriotes ont été réprimés ou assassinés (massacre de Dimbokro en 1950). Il ne recule devant aucun moyen aujourd’hui pour préserver ses zones d’influence, condition sine qua non de son maintien au rang de puissance mondiale.

L’impérialisme français, en perte de vitesse, est un des impérialismes les plus agressifs contre les peuples, notamment ceux de ses colonies et néo-colonies : cela s’est manifesté à travers le génocide au Rwanda commis par le régime de Juvenal Habyarimana avec la complicité du gouvernement socialiste de François Mitterrand, la situation au Zaïre (actuelle RDC) où il a soutenu Mobutu jusqu’à sa chute ultime, les massacres de la guerre civile réactionnaire de Brazzaville entre les clans Sassou et Lissouba. C’est également le cas actuel de la situation en Côte-d’Ivoire où il s’ingère grossièrement dans les questions de politique interne pour tenter de sauver sa domination néo-coloniale. Pour Préserver ce pré carré, des dispositifs militaires (bases militaires, accords secrets, ANAD, etc.) économiques (UEMOA), politiques (Conseil de l’Entente) sont mis en place pour encadrer les pays dominés afin de les soustraire à l’influence des autres puissances impérialistes (Anglo-Saxons, Allemands, Japonais) et surtout pour étouffer les luttes des peuples. Cette politique néo-colonialiste de la France se manifeste également dans le cadre de l’Union européenne qui est un regroupement de monopoles et de puissances impérialistes fortement présentes sur le continent africain.

Cette politique a son prolongement dans la métropole française avec la politique d’exclusion des travailleurs immigrés qui sont l’objet de tracasseries et répressions de toutes sortes avec le problème des "sans papiers" et des expulsions sauvages. L’impérialisme français refuse ainsi d’assumer les conséquences de sa politique de domination et d’exploitation des peuples coloniaux et néo-coloniaux qui, tenaillés par la misère, émigrent vers les métropoles impérialistes.

Le Parti Communiste Révolutionnaire Voltaïque (PCRV) et le Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF), états-majors de la classe ouvrière et du peuple en Haute-Volta et en France, saluent et soutiennent le mouvement populaire qui se développe en Haute-Volta dite Burkina Faso depuis vingt mois. Ce mouvement qui traduit un sursaut patriotique national salvateur, par son caractère organisé, national, populaire, son contenu démocratique et révolutionnaire, sape les bases de la domination impérialiste notamment française et du régime néo-colonial, mafieux, de Blaise Compaoré qui en est l’instrument. Le caractère anti-impérialiste du mouvement s’est affirmé depuis la tenue de l’Assemblée Générale Nationale du Collectif, tenue le 29 juillet 2000, où les menées de l’impérialisme français, à travers les agissements de l’Ambassadeur Portiche, ont été dénoncées.

Les luttes de la classe ouvrière et des peuples voltaïque et français, ainsi que celles des communistes organisés dans le PCRV et le PCOF sont un combat contre un ennemi commun à savoir l’impérialisme international et en particulier français qui exploite et opprime les peuples français et africains en particulier voltaïque. Cette lutte a pris une expression concrète à travers le mouvement de solidarité qui se développe en France depuis l’assassinat de Norbert Zongo et ses compagnons. Les luttes du peuple français et voltaïque se complètent et se soutiennent mutuellement en contribuant à saper les bases de l’impérialisme en particulier français.

Les liens entre nos partis qui datent de leur création se renforcent à travers la lutte commune de nos deux peuples et partis pour la révolution et le socialisme scientifique. Ces luttes participent de la solidarité internationaliste et de l’internationalisme prolétarien, indispensables pour la victoire du prolétariat et des peuples contre le capital. Ces luttes s’intègrent dans la lutte générale du Mouvement Communiste International qui s’exprime aujourd’hui à travers la Conférence Internationale de Partis et Organisations Marxistes-Léninistes, forme d’expression et d’organisation de ce Mouvement à l’heure actuelle.

Le Parti Communiste des Ouvriers de France et le Parti Communiste Révolutionnaire Voltaïque félicitent et encouragent la classe ouvrière et le peuple voltaïque dans sa lutte héroïque contre le pouvoir mafieux et criminel de la IVe République de Blaise Compaoré et ses alliés impérialistes notamment français contre l’impunité, pour les libertés politiques, l’indépendance nationale et le progrès social véritable.

Fait à Ouagadougou
Août 2000

Click here to return to the Volta Index